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1Monsieur, j’ay receu la votre datée à Vienne du XV le XVIIe, et voy, si les novelles
2y contenues de la mort du comte Ludovic et retraicte de son frère sont veritables, que
3les affères s’acheminent tousjours mieulx à refroydir ceulx qui serront en volunté
4de remuer. Je vous envoye en contrechange la letre de monsieur de Montfort
5du VIIIe du present, par laquelle verrés qu’on tient encores en suspens
6la novelle de la victoyre publiée de l’armée de la Ligue et la source
7dont cest erreur (si erreur s’i treuve) est venu. Dans ce depeche est
8ung paquet de monsieur de Saint-André, ensemble une copie de la
9letre que je receux hyer au soir de monsegneur le duc de Savoye du
10XIIIe, contenant l’equivoque de la prise de Magayer, qui se retira
11de ceste ville après ce dernier bruit de Paris : voylà le secretère de
12monsieur l’admiral qu’on disoyt avoyr esté arresté par son altesse et
13treuvé saysi de plusieurs memoyres pour broulier delà les montz. Je
14monstreray demeyn matin le tout à messieurs, et si j’en suys creu,
15après les remerciementz des honestes offres, l’on remetra cela à sa
16discretion de le relaxer ; est vray que je retarderay de fère response
17jusques à ce que se porteur soyt de retour pour m’y guider par votre
18melieur advis. Nous avons heu une recharge des pleyntes qu’on
19faict des voleurs de Mens en Trièves et monsieur d’Ambrun a adjousté
20qu’au Champsor y en a dix et huit ou vingt. Ayant comuniqué la letre
21de monsieur Gentil escripte aux gens du roy ce matin à cinq de messieurs à la
22messe, toutz nous sommes resolus de vous envoyer ladite letre datée à
23Marsieu le seziesme. Quant à la letre y evoquée de maître Patras, le porteur
24l’a egarée ; et vous prier de commander au sieur de Merieu ou Bouvert
25d’aller jusques sur ce lieu et avec leurs forces, si elles soufisent,
26se saysir desdits voleurs vifz ou mortz, et, s’ilz voyent que besoyn soyt,
27permetre aux chasteleyns et consulz des lieux de les rendre fortz
28et s’ayder à purger leur païs de ceste vermine, nous asseurans qu’ilz
29temporisent en fesant leurs voleries à se jetter en troupe et compagnies
30si quecung de la religion novelle s’elevoyt et dressoyt forces. Mays
31de permetre aux communautés de s’assembler comme porte ladite letre, l’estimons
32dangereux pour ce que la plus part sont de ladite opinion et, quant bien seroient
33catholics, s’est une beste mal aysée à governer sans presence du
34magistrat, mesmes qu’il semble estre de l’intention du roy, par ses dernières
35ordonnances, qu’on n’offense plus persone que par justice ; et combien que ce soyent
36[v] voleurs, toutesfoys ce sont huguenotz, à mon advis desbandés lorsque
37Bernard et Columbin se retirarent et feirent le chemin que scavés.
38Et pource que, la grace à Dieu, il ne se presente aultre chose qui
39menasse, je finiray la presente par mes humbles recommandations à votre
40bone grace, priant le Createur,
41Monsieur, vous doner en santé, heureuse et longue vie. De
42Grenoble, ce XIXe d’octobre 1572.
43Vostre humble
44serviteur.
45G Deportes
46Voyant qu’il ne se presentoyt messager et que les postes
47ne sont dressées à ceste traverse, j’ay prié ceulx du
48païs de vous envoyer cest home exprès.
49Après ce que dessus escript, j’ay receu une aultre letre du XIIe
50de monsieur de Montfort que je vous envoye aussi afin
51que voyés comme on entend le voyage de monsieur de
52Valance. Nous escrivons à messieurs d’Argentenant et
53de Catinel tochant le memoyre du roy que monsegneur
54le mareschal nous a faict tenir, et leur envoyons
55les letres et memoyres qu’avons faict dresser
56aux vibalifz du Bas-Daulphiné et du Boix ; si par
57fortune lesdits sieurs s’estoient departis de vous, il
58vous plairra ouvrir leur letre et voyr ung desdits
59depeches, car tout est d’ung calibre.
60Quant aux responses dont est faicte mention
61en la letre de son altesse du capitaine Margayer,
62elles ne contiennent aultre sinon la confession
63de son nom et qualité et qu’il
64avoyt sejourné en ceste ville
65plusieurs moys, solicitant plusieurs
66procès, et nommé les presidentz Truchon
67et Deportes, ausquelz il s’adressoyt
68à ses fins ; et en somme, il ne dit que
69verité.